la naissance d'un daevas AION



Naissance d' un Daeva


Voici la base d'une épopée que j'espère vous suivrez au fur et à mesure des parutions. Bonne lecture.

PROLOGUE


Je me souviens.... je n'étais encore qu'un jeune enfant peu après la guerre du millénium qui avait ravagé nos terres, scindé notre monde en deux et vu la tour de l'éternité s'effondrer. Mes parents, humble fermier à Verteron était un couple heureux et travailleur. Ma mère Iraël était une femme douce qui me berçait le soir d'histoires merveilleuses et me dépeignait le faste de sanctum la cité aux mille tours perle d'un royaume menacé.
J'avais huit années lorsqu'une nuit une douleur atroce me déchira le dos. Je me réveillais en sueur, mes parents accoururent et ma mère me pris dans ses bras. Ma chemise de lin était tâchée de sang. Mon père, ses traits burinés par le soleil me regardait étrangement et je voyais de la crainte dans ses yeux. Après avoir changé mes draps et mes vêtements de nuit, ma mère me veilla toute la nuit épongeant mon front luisant de sueur. Je l'entendis murmurer à mon père Vernaël « daeva ».
Le lendemain matin, j'avais oublié cet incident que j'attribuais à un cauchemar. Alors que j 'étais assis sur mon lit et me penchais pour attraper mes chausses mon attention fût attirée par une petite plume blanche. Insignifiante, légère, le vent qui s'engouffrait par ma fenêtre ouverte la faisait virevolter au gré de ses humeurs. Je m'en emparais, elle était douce, chatoyante et teintée de sang en son extrémité. Je décidais de la garder et d'en orner mon nouveau chapeau de paille.
Je trouvais mes parents attablés autour d'un petit déjeuner confectionné par ma mère. Les petits pains à peine sortis du four croustillaient encore. Je m'installais et m'emparais du pot de confiture d'orange. Les fruits provenaient du verger attenant à notre ferme où j'emmenais quelques fois paître notre troupeau de piggyes. Je trouvais mes parents bien sombres en cette belle matinée ensoleillée.
Mon père jeta un regard à ma mère. Elle acquiesça de la tête.. Vernaël se racla la gorge et me regarda fixement.
« fils viens avec moi .. » Il se leva. Je n'avais jamais remarqué comme mon père était musclé et n'avais jamais vu son regard flamboyer autant. Il m'entraina vers la grange où nous stockions notre foin. Il se dirigea vers un coin du bâtiment et apposa sa main sur une botte de paille identique aux autres. Un flux étrange et luminescent émana de sa paume et peu à peu l'image d'un cube ouvragé se forma. Je n'avais jamais vu d'objet aussi merveilleux.
Mon père s'agenouilla et à l'aide d'une clé dorée qui pendait à un lacet de cuir autour de son cou il ouvrit le coffre. Une lumière aveuglante se propagea illuminant le visage de Vernaël.. Peu à peu un arc se matérialisa devant moi. Je n'avais jamais vu un objet aussi magnifique. Il était fait d'un bois précieux appelé Yggdrazil qui ne poussait que dans des contrées reculées. Le bois luminescent était orné de fines sculptures qui semblait lui donner vie. De la lave semblait ruisseler le long des nervures, son système de visée était un œil de rapace qui semblait constamment en mouvement, sa corde était faite d'un tissage de cheveux argentés. Cette arme devait valoir une fortune..
Mon père me le tendit, comme par magie l'arc devint le prolongement de mon bras et sa taille s'adapta parfaitement à ma forme d'enfant. Vernaël me remis un carquois de flèches et me demanda de le suivre. Je remarquais que ma mère m'observait derrière les vitraux colorés de notre corps de ferme. Elle recula précipitamment lorsque mon regard se posa vers elle et disparue de ma vue.
Je courais pour arriver au niveau de mon père qui se dirigeait vers notre orangeraie. Tout en restant silencieux il m'indiqua une orange aussi grosse qu'un melon d'interdiktah et me demanda d'utiliser l'arc. Je n'eus même pas le temps de porter la main au carquois qu'une flèche magique apparue dans ma main droite, sa pointe acérée était coupante comme un rasoir, son empennage était fait de plumes chatoyantes. L'encochage était instinctif et je n'eus qu'à visualiser dans mes pensées le fruit pour que la flèche dans un bruit sec, l'explosa projetant de la pulpe tout aux alentours. Le projectile fini sa course dans un arbre perforant le tronc duquel une sève noirâtre s ' écoula. J'étais stupéfait et mon père s'amusa de mon étonnement.
Il me demanda de s'asseoir à côté de lui me pris par les épaules en fixant ses yeux violets dans les miens et commença à me narrer une longue histoire qui commençait peu après le sacrifice des seigneurs empyréens Siel et Israphel.


Le grand cataclysme venait d'avoir lieu, le monde venait d'être divisé en deux et l'éther s'était répandu donnant naissance aux futures races qui allaient repeupler notre Atreia notre monde. Mon père était un jeune Ranger qui servait sous les ordres du seigneur Asphel. Ce dernier souhaitait avant tout l'éradication des balaurs et des seigneurs dragons. Sa doctrine était basée sur le fait qu'il n'était point de salut dans la paix. Vernaël, devenu un fier guerrier Daeva virevoltait dans le ciel propulsé par ses ailes fraîchement écloses. Il faisait partie d'une compagnie de francs tireurs qui combattaient derrière les lignes ennemies et plongeaient tels des faucons sur leur proie massacrant au sol les guerriers Balaurs. La résistance venait de s'organiser mais la chute brutale de la tour de l'éternité retentit comme une défaite laissant des guerriers exsangues sur les champs de bataille. Mon père fût retrouvé quelques jours après la grande chute. Il serrait dans ses bras son précieux arc façonné par un maître armurier Daeva. De ses ailes il ne subsistait plus que des moignons sanglants. Il était de coutume chez les draconiens de sen emparer . Ils en faisaient des trophées morbides qu'ils rapportaient à leurs femelles et dont elles aimaient se parer. Le grand exode commençait, des milliers d' êtres fuyaient la zone de guerre. Vernaël était le seul survivant de sa compagnie.




* CHAPITRE 1 *

L' EXODE




Les pleurs et et les cris réveillèrent Vernaël. Encore étourdi, il tenta de se redresser et de regarder autour de lui. Il se trouvait dans un chariot bâché, étendu sur des sacs de graines. Les secousses lui firent perdre l'équilibre. Grimaçant de douleur, il tenta de ramper pour regarder à l'extérieur. Ce qu'il vit l'horrifia. Un ciel chaotique, rougeoyant, éventré par des vaisseaux balaurs qui dégorgeaient de leurs entrailles des guerriers assoiffés de sang. Une colonne de pauvres êtres s'étendaient sur des kilomètres. Encadrés par quelques daevas de la Xi ème légion qui tentaient de repousser les assaillants qui harcelaient les traînards. Les cris des enfants apeurés et des mères qui avaient perdus leurs fils ou leurs maris s'élevaient tout au long du chemin. Quelques pauvres hères tentaient de s'accrocher au chariot dans lequel se trouvait Vernaël, le cocher faisait claquer son fouet pour les éloigner. Certains tombaient et avaient les os broyés par les lourdes roues cerclées de fer. Soudain, un coin de la bâche avant se souleva et le visage de celle qui allait devenir ma mère s'encadra dans l'ouverture. Ses immenses yeux violets se posèrent sur mon père.


« « « Vous êtes enfin réveillé Seigneur daeva.. J'ai craint pour votre vie.. Cela fait deux jours que je vous ai trouvé inconscient sur le champ de bataille avec mon père. J'ai suturé les moignons de vos ailes car vous perdiez beaucoup de sang.. »


« « « Mes ailes !!! « « « Mon père s'effondra. Jamais plus il ne connaîtrait l'ivresse du vol et la sensation de liberté qu'elle procure aux daevas. Jamais plus il ne serait le fier combattant fondant sur l'ennemi des cieux. Une larme perla sur sa joue burinée par des journées et des nuits passées à traquer l'ennemi. Son regard croisa celui d'Iraël. Il lu dans les yeux de la belle jeune femme une lueur de compassion et d'amour qui réchauffa son coeur meurtri.


« « « Mon père a sauvé des graines d'orge, de blé et des plants d'orange, de raisins, de pommiers et de banane. Nous nous dirigeons vers la citadelle de Verteron. La résistance y est organisée et nous y trouveront un abri provisoire avant de reconstruire une ferme. Reposez vous maintenant.. » »


la toile du chariot retomba clôturant ainsi la discussion.


Mon père épuisé par la conversation s'endormit et se laissa bercé par le doux souvenir du visage d'Iraël.


Vingt années passèrent, Vernaël avait enfoui au fond de sa mémoire son passé de guerrier Daeva. Il avait épousé ma mère et cultivait les terres que le gouvernement Élyséen avait octroyé à son beau-père. Seule son épouse savait qu'il avait appartenu à la glorieuse légion du belliqueux seigneur Asphel. Les survivants de cette légion avait fondé Pandémonium. Le rude climat, l' éther ,les conditions extrêmes auxquels ils avaient été soumis avaient transformé ces daevas en des êtres à la peau bleue et pourvus de griffes. Il se faisait appeler Asmodéens et ils étaient devenus les ennemis de leurs frères de jadis.


Ma naissance tardive, avait illuminé la vie du couple, jusqu'à cette triste nuit où mon cauchemar avait fait resurgir le passé de mon père.


J'avais écouté avec attention le récit de Vernaël. Nous avions passé la nuit dehors tous les deux autour d'un feu. J'avais chassé avec l'arc magique et tué un cerf dont nous avons dévoré un cuissot avec bon appétit. C'était la première fois que je passais autant de temps avec celui que je considérais maintenant comme un demi-dieu. J' espérais qu'il y aurait d'autres soirées ainsi où il me raconterait ses exploits de jadis. Je ne voyais plus en lui cet humble paysan dont le dos se courbait à pousser la charrue. Je m'endormis, mes pensées pleins de récits épiques où des anges aux ailes immaculées combattaient des êtres dont les ailes étaient aussi noires que leurs âmes.


Les cloches du temple de notre village me réveillèrent en sursaut. Mon père me fit signe de me taire et de pas bouger. Il s'empara de l'arc et rampa sur le promontoire où nous avions campé. Celui dominait nos terres et nous pouvions apercevoir notre ferme. Des flammes s'échappaient de la grange faisant rougeoyer le ciel. Nous étions attaqués. Je fermais les yeux lorsque je vis un spadassin embroché ma mère de sa rapière. Mon père hurla et dévala la pente. Son arc semait la mort parmi les assaillants mais ces derniers étaient nombreux. Les autres habitants du village restèrent terrés dans leurs habitations. Vernaël explosa dans une gerbe de flammes, son arc fût projeté loin de son corps. J'entendis le cri de victoire du lâche sorcier qui l'avait frappé dans le dos. J'aperçus ensuite le chef des monstres qui venaient de ruiner mon enfance. Il se tenait les mains sur les hanches au milieu de la cour. Son uniforme de cuir noir brillait sous la lune. Son oeil droit si il existait encore était dissimulé derrière un bandeau assorti à sa tenue. Il riait et donnait ses ordres à haute voix.


« Frère Lepharistes emparez vous de toutes les valeurs et regroupez les dans la maison au bord du lac. Pas de quartier pour les survivants. Je ne veux aucun témoin du raid. « « «


Je ne senti pas la terre qui céda sous moi. Je m'étais trop approché du précipice. J'allais mourir à huit ans dans une stupide chute. Je revis soudain, des bribes de mon maigre passé, ma mère qui me berçait, l'odeur de ses tartes aux fruits, mon père qui rentrait heureux de sa bonne récolte et qui me serrait affectueusement....




* CHAPITRE 2 *

UNE NOUVELLE VIE




Alors que je voyais le sol se rapprocher, je ressenti tout comme la nuit passée une violente douleur dans le dos. Mon corps tout entier fût aspiré brutalement vers le haut puis ma chute se ralentie ensuite. Je planais telle une feuille tombée de l'arbre et balloté par le vent printanier. Soudain je compris l'héritage que mon père m'avait laissé. J'étais moi aussi héréditairement devenu un Daeva et mes ailes encore tachées de mon sang venaient de me sauver la vie. Je n'arrivais pas encore à contrôler ma direction et je touchais le sol assez rudement. Un roulé boulé me projeta à côté des restes consumés de mon père. Je n'osais regardait le corps de cet homme dont je venais juste de découvrir la véritable personnalité. L'odeur de la chair brûlée était insupportable et je ne sais comment je pu retenir mes vomissements. Je m'enfuyais en rampant de ce lieu maudit non sans avoir récupéré l'arc qui avait glissé dans un buisson et maudit les assassins de mes parents et les vils villageois qui ne nous avaient apporté aucune aide.
Je m'enfuyais dans la nuit. J'étais effrayé par les hurlements des loups qui rôdaient dans la région et avaient fait de la forêt environnante leur territoire. Je courais sur le sentier, ne me retournant jamais et serrant contre moi cet arc qui était tout ce qui me restait de ma vie d'antan.

Le soleil matinal, me trouva endormi au pied d'un arbre. Un soldat se trouvait devant moi et me piqua du bout de sa hallebarde pour me réveiller. Il semblait sale et mal rasé, probablement harassé par une nuit de garde
« Debout gamin.. Que fais tu aussi loin de chez toi.. «
Les souvenirs affluèrent à mon esprit, les cris de ma mère se mourant, l'odeur de chair calciné de mon père...
« « Tous morts.. Tous morts... » » Je ne pouvais articulé que ces deux mots.
Le soldat tenta d'arracher l'arc de mes bras mais je le mordais, le griffais et hurlais.
Un second militaire s'interposa, contrairement à l'autre, son armure était rutilante, ses cheveux coupés courts et son regard d'acier se posa sur moi. Il remarqua de suite que la chemise que je portais était déchirée dans le dos et maculée de sang et du duvet parsemait l'endroit où j'étais couché.
« « Laissez le. Nous allons l'emmener à la citadelle. Il complètera je pense le rapport que je dois faire au..... sur le raid des lepharistes. Nous sommes arrivés trop tard pour sauver sa famille mais nous pouvons le sauver lui et lui offrir un nouvel avenir. Car je pense que notre ami est un enfant avec certaines prédispositions « «
« « A vos ordres seigneur centurion « « grommela le gladiateur tout en jetant sa hallebarde sur son épaule.
L'officier m'invita à le suivre. Tout en cheminant vers la citadelle, il me questionna sur mon arc.
« « Une bien belle arme pour un gamin comme toi vêtu de guenilles. Elle est estampillée par celui qui est devenu le grand maître armurier de Sanctum. Il me paraît bien étrange qu'un plébéien comme toi puisse l' avoir en sa possession. Tu ne l'aurais pas volé à l'un de nos chevaliers Daevas mort sur un champ de bataille ? « «


Je ne savais que dire. Ces militaires ne me croiraient jamais, confisqueraient mon arme et m'enverraient croupir dans un orphelinat. Je me concentrais afin que mon pouvoir jaillisse de nouveau en moi. Mes ailes se déployèrent sans m'occasionner de douleur, je donnais une impulsion de mes deux pieds et m'élançais vers le ciel. A ma grande surprise le centurion déploya également une paire d'ailes et se lança à ma poursuite. Je ne maitrisais pas le vol et toutes ses subtilités. Je ne vis pas ainsi le guerrier fondre sur moi et tenter de me plaquer au sol. Son attaque soudaine me projeta heureusement sur la plage de Verteron. Prostré, mes ailes m'enveloppant tel un cocon protecteur je regardais l'homme qui venait de me vaincre. Ses grandes ailes blanches battaient doucement et le maintenait à environ un mètre du sol. Il me regardait en souriant.


« « Je savais bien que j'avais affaire à un jeune daeva. Maintenant tu va m'expliquer ton histoire et surtout pourquoi tu errais seul dans la forêt. « «


« « Je relatais tout à cet être dont j'ignorais tout. J'appris qu'il s'appelait Erwanaël et qu'il était en poste depuis deux ans au fort de Verteron. Mon récit était entrecoupé de pleurs. Je ne pouvais les retenir en narrant comment mes parents avaient trouvé la mort et comment ma vie avait soudainement basculé. L'officier me regardait d'un air compatissant et m'invita à le suivre dans la citadelle.


Je n'étais venu qu'une seule fois. J'avais accompagné mon père qui venait vendre des produits de notre ferme. Je n'avais pas remarqué à cette époque une activité aussi intense que celle que je voyais aujourd'hui. Les soldats fourbissaient leurs armes, le forgeron s'acharnait sur son enclume à produite des épées qu ' il rangeait dans un râtelier déjà bien fourni, ses apprentis s'acharnaient à maintenir une forge rougeoyante qui dégageait une chaleur intense, des fumées multicolores accompagnées d'odeurs nauséabondes s'échappaient de l'atelier d'alchimie. Il était évident que le fort se préparait à la guerre. Les gardes avaient été doublés sur les remparts et la herse de l'entrée principale était maintenue baissé. Des gardes patrouillaient dans les cieux et se posaient régulièrement sur la tour d'envol.


Des centurions tenaient en laisse des griffons dressés à l'attaque. Ces bêtes féroces happaient des morceaux de viande sanguinolents que leur jetaient leurs maitres en armure.


Erwanaêl me poussa dans l'entrée d'une grande demeure gardée. Ses pas résonnèrent sur le carrelage brillant du hall d'entrée. Il me demanda d'attendre et de ne pas bouger. Il revint après quelques instants et m'invita à franchir une lourde porte de bois s'ouvrant sur une vaste salle. Au fond de celle ci un homme imposant trônait sur un siège en marbre. Il avait les jambes croisés, sa tête négligemment appuyée sur sa main gauche. Son regard était de braise et il me dévisagea un long moment avant de m'inviter d'un signe, à venir plus près de lui. Son armure était magnifiquement ouvragée. Des filets d'or fin s'entrelaçaient en des motifs compliqués et des runes brillaient de mille feux sur ses plaques d'épaules.


« Mon centurion m'a conté ton histoire jeune Daeva. Je suis le Général Spatalos, commandant la 2ème légion affectée à la défense de la province de Verteron. Nous sommes toujours heureux de voir éclore de nouvelle recrue, surtout en ces temps difficiles. J'ai décidé comme tu es maintenant orphelin de te faire intégrer l'académie militaire de sanctum. Tu y recevra une formation basée sur le métier des armes mais également un enseignement supérieur de qualité dispensé par les maitres de la grande bibliothèque. Je vais rédiger un parchemin d'introduction pour le Général Créos, grand recteur de l'école militaire il s'agit d'un ami de longue date. Tu peux disposer maintenant va, le centurion va te montrer tes quartiers en attendant ton départ demain pour notre capitale. « «


Tout arrivait trop soudainement. Mes pensées se bousculaient, chagriné par la mort tragique de mes parents, enthousiasmé par la perspective de ma future carrière militaire et de mes nouveaux pouvoirs de Daeva, je ne pu trouvé le sommeil que difficilement. On m'avait assigné un lit malodorant dans un dortoir empli de soldats, éructant et ronflants et le réveil me trouva aussi fatigué qu'au coucher.




Le centurion me remis un parchemin cacheté par le sceau du général spatalos.
« « « Je vais te conduire au télé porteur. Tu sera conduit directement à Sanctum. A ton arrivée tu demandera à un crieur de te conduire à l'académie militaire. Je te souhaite bonne chance mon jeune ami et que Aion veille sur toi. « « « «
Il me salua militairement en portant sa main droite à sa poitrine, me poussa dans le téléporteur. Sensation étrange de picotement généralisé sur tout le corps, vertiges et vomissements sont le lot quotidien de la dématérialisation. Il s'agissait de ma première téléportation. Je repris mes esprits au milieu d'un groupe de badauds qui me regardaient, riant de me voir arrivé à quatre pattes l'air ébahi et ahuri.
Je me redressais, lissant ma pauvre tunique de lin. Je quittais rapidement les lieux afin de m'enquérir d'un crieur. Tunique chatoyante, collant électrique, je ne pouvais manquer un tel guide. Il s'en trouvait un non loin de l'allée menant à l'aire d'arrivées et de départs.
Il accepta de me conduire moyennant 5O kynahs à l'académie militaire et m'invita à le suivre dans un dédale de ruelles sombres longeant des quais aériens. Erwanaël m'avait remis avant mon départ une petite bourse de cuir avec quelques pièces d'argent afin de subvenir à mes premiers besoins. Je ne vis pas le coup venir de la pénombre.... Je me réveillais, la tête lourde , du sang suintait d'une entaille à l'occiput. J'avais du mal à garder mon équilibre mais je réussi à me trainer dans une rue pleine de passants où je m'écroulais de nouveau …...



Une odeur nauséabonde me réveilla, âcre mélange d'excréments et de remugles de fruits et légumes pourris. Je regardais autour de moi et ne vit que des planches disjointes, par lesquelles filtraient une lumière qui me semblait artificielle. Mon crâne me faisait mal et j'y portais une main. On m'avait soigné sommairement et je retirais un linge faisant office de bandage maculé de sang et dont on ne pouvait vue la saleté découvrir la couleur d'origine. Je risquais un coup d'oeil par les interstices du bois. Je ne voyais qu'une table et une chaise sur laquelle un jeune garçon se balançait d'avant en arrière. Une chandelle éclairait son visage qui me sembla bien étrange. Un regard d'ancêtre dans un visage poupin. Il se curait les ongles à l'aide d'une dague dont la garde était bien ouvragée pour la qualité de la personne qui l'a manipulait. En effet, ses vêtements usagés et trop courts pour lui, contrastaient avec la pierre précieuse sertie sur le manche de son arme.
Je fouillais mes poches et n'y trouvais plus rien. Ma besace, mon arme, ma bourse contenant ma maigre fortune avaient disparu. Mais le pire restait à venir.. Je n'avais plus la lettre de recommandation qui devait me faire entrer à l'académie.
Je bougeais une fois de trop et le bruit attira l'attention de mon veilleur.
« « « Ayez ? Tu es réveillé ? « La voix était gouailleuse et l'accent inconnu.

« « « Fait pas ton timide, mon poulet, j'me présente suis Toméus l'affable. Tu a eu de la chance de tomber, si on peut dire, « dit il en s'esclaffant « sur moi «. Les sergents du guet t'auraient jeter en prison. On aime pas trop les inconnus à Sanctum. Tu viens d' ou comme ça avec ton air naif de gros paysan ? « «

Je ne savais pas pourquoi je devais lui faire confiance, mais je décidais de lui conter mon histoire.

« « « Hmmm Hmm, t ' a du tomber sur des p'tits gars de la guilde des assassins. Ils t'ont reniflé de loin. Remarque c'est pas trop difficile vu ta tronche. Pi, sont toujours en cheville avec les crieurs, contre quelques kynahs ces derniers n'hésitent pas à leur indiquer les bons coups. Le problème c'est que ton matos, doit être en ce moment même examiné par leur chef, Yrian le rouge. Ce satané bonshomme n'a peut être plus qu'un oeil mais ça lui suffira pour se rendre compte de la valeur de ton arc magique. Il a un réseau de receleurs dans toute cette maudite cité. « « «

« « « Comment vais je faire ? Je n'ai plus d'argent pour prendre un téléporteur pour retourner à Verteron et personne ici ne me croira « « «
« « « hmmm hmm j'y réfléchi mon gars « « «
Le visage de mon compagnon d'infortune s'éclaira soudain.
« « « Y a peut être une solution.. Fais toi embaucher chez ces maquignons, tu aura peut être accès à leur tanière. J'ai quelques copains qui bossent pour Samouss le muet. Ce type est un vétéran de la guerre du grand cataclysme il fait bosser des gosses comme mendiants dans toute la cité et c'est un des lieutenants d' yrian. Il crachera certainement pas sur une recrue de plus. Allez viens suis mois. » »

Il écarta une vieille toile de jute et la lumière jailli soudainement. L'abri fait de planches disjointes se trouvait sous l'un des piliers des docks aériens. Le soleil était déjà haut et de nombreux esclaves kralls ou kobolds s'affairaient à transporter des marchandises qui alimentaient la cité sous l'oeil inquiet de marchands shugos. Ces créatures semi humanoïdes à poil blanc avaient développé un réseau commercial sur tout Atriea et étaient devenus les maitres du commerce. Mon père m'avait appris à ne pas se fier à leur apparence bon enfant. Négociateurs intraitables, ils fonctionnaient en guildes hiérarchisées et avaient des comptoirs dans les contrées les plus reculées. Totalement neutres, les shugos étaient également présents en Asmodée et étaient le seul lien entre les deux mondes. Depuis quelques temps une rumeur faisait état d'un clan qui s'était établi dans les abysses et effectuait de la contrebande d'armes, d'objets d'art, et de technologies provenant de l'ancien monde.

Tomeus m'invita à le suivre, je regardais en chemin, d'un oeil émerveillé les splendides barges glissant dans le ciel transportant passagers et marchandises en différents point de la guilde. Des pont aériens menaient à des tours, véritables flèches défiant le ciel azuréen. Des gardes armés étaient omniprésents et veillaient sur la sécurité des citoyens de Sanctum. Les larges allées étaient bordés d'arbres en fleurs multicolores. J'essayais de ne pas perdre de vue mon guide qui m'incitait à accélérer.

La population se faisait de plus en plus dense, le quartier commerçant était le coeur de la ville. Les échoppes proposaient des produits alimentaires issus de toutes les provinces Elyséennes. Les étals de poissons provenant de la côte de Cantas, cotoyaient les fruits multicolores de Poeta et les épices d'Eltnen. De jeunes damoiselles passaient en faisant bruisser leurs robes de dentelles sous l'oeil bienveillant de leur nourrice qui les suivait en tenant des ombrelles richement décorées.
Toméus fit un signe un jeune homme en haillons qui tendait une sébille au passant. Ce dernier rangea prestement son ustensile sous son ample tunique rapiécée et se dirigea vers un coin de ruelle sombres. Son visage en lame de couteau était noir de crasse. Ses yeux noirs brillaient d'un éclat mauvais.

« « « Que veux tu Toméus ? « « « Sam n'aime pas te voir trainer dans nos guêtres « «

« « « Je ne suis pas la pour moi mais pour ce ptit gars que j'ai trouvé dans la rue. Il est sans le sou et sans famille, j'ai pensé que le clan des mendiants aurait peut être besoin d'une âme supplémentaire « « .

« « « Humm, faudrait que le chef le voit. Il a des disponibilités particulières ? Des malformités dont on pourrait profiter ? Une habileté à apitoyer nos pauvres concitoyens avec une tare quelconque ? Tu connais Sam il n'embauche pas n'importe qui. Il est à la taverne du « Shugo Rieur « va le trouver tu lui dira que tu viens de ma part. Je dois retourner à mon boulot sinon il me chatouillera les côtes ce soir. « « «


« « « Euh Toméus tu es sur que c'est une bonne idée ? J'ai peur de ne pas faire l'affaire et.. » » »

« « « tais toi c'est ca ou tu croupira sous peu dans une cellule de la garde. Ils tolèrent les mendiants car ils savent qu'ils sont sous la coupe de la confrérie mais les vagabonds sont considérés comme espions et sont emprisonnés systématiquement. « « «

La taverne se trouvait dans un quartier crapuleux, où d'accortes femmes proposaient leurs services aux passants. La salle était enfumée, une jeune asmodéenne dansait à demi nue dans une cage suspendue sous les yeux avides de ruffians et truands en tous genre. Toméus naviguait aisément entre les tables bondées s'arrêtant pour saluer quelques fois des individus plus que douteux.

Il se dirigea soudain vers un coin de la salle. Un homme entièrement vêtu de cuir noir, un chapeau large en feutre négligemment penché sur le côté observait la salle allongé sur un petit canapé. Mince et sec, le regard perçant, il scrutait le visage de chacun. Une longue rapière faite d'un métal bleu iridescent était posée en travers de ses genoux et son ceinturon argentée était pourvu d'une dague et de quelques stylets de lancé.

Il nous invita à le rejoindre en faisant un signe. Il écouta avec patience les explications de Toméus. Il jeta à ce dernier quelques kynahs sans dire un mot et lui signifia de dégager rapidement. Il n'avait pas prononcé un seul mot. Il se leva soudainement ,m'attrapa par ma chemise déjà déchirée et me poussa en avant dans un sombre couloir du bar. Au bout de celui-ci, une énorme porte en métal était gardée par un krall imposant portant un collier d'esclave. Il s'effaça en voyant Samouss. Je pris peur et fit une tentative désespérée pour rebrousser chemin. Le ruffian était plus alerte que je ne pensais, il me plaqua au sol. Je tentais de me débattre, en vain. Mes vêtements étaient complètement déchiré.

Le regard de Sam changea brusquement et je compris qu'il venait de voir sur mon dos mis à nu les marque de mes embryons d' ailes. Une corde apparu comme par enchantement dans ses mains. Il me ligota en prenant bien soin de m'entourer le tronc et de terminer ses boucles par une sorte de laisse qui lui permis de pouvoir me guider comme une bête de compagnie. Mes yeux furent bandés avec un chiffon malodorant et je n'eus bientôt plus le choix que d'avancer au bon vouloir de mon geôlier, trébuchant et heurtant les parois. Le cheminement ainsi me paru long. J'entendais quelques fois des mécanismes de serrure s'actionner, des voix murmurant sur notre passage. Puis tout s'arrêta, un coup de pied dans les reins me fit m'agenouiller et on m'enleva mon bandeau. Je me trouvais dans une sorte de caverne aménagée comme un palais. Le sol était recouvert de marbre rose nervuré de bleu provenant probablement de carrières asmodéennes, des tentures pourpres étaient tendues sur les murs de pierre brute, des vasques dorées diffusaient des encens aux saveurs subtiles. La lumière diffuse dispensée par des bougeoirs ouvragés ne laissaient qu'entrevoir les visages des personnes présentes. Un homme immense, avec un bandeau sur l'œil était avachi sur un trône. Il était vêtu de soieries , de riches brocarts et son crâne était dissimulé par un turban orné d'une magnifique turquoise.

Un géant tapa trois fois sur le sol avec un sceptre de bois. Son corps huilé laissait entrevoir des muscles énormes et d'une voix de stentor il demanda aux personnes présentes de s'agenouiller devant celui qu'il qualifia d'Yrian le magnifique....





le magnifique il n'en avait que le nom et les atours. Son œil porcin brillait d'une lueur sadique. Une Daeva asmodéenne était enchainée nue au trône de marbre noir. Ses ailes avaient été brisées, des stigmates mauves altéraient sa magnifique peau aux reflets bleutés, des larmes de sang et de honte ruisselaient sur ses joues. Yrian la chassa d'un grand coup de pied dans les côtes en accentuant son geste d'un rire de dément. La malheureuse alla se réfugiée derrière le trône aussi loin que la chaîne pu lui permettre.


« « Pourquoi oses tu me déranger à pareille heure, maudit ruffian, tu sais ce qu'il peut t'en couter si tu n'a pas un bon motif de le faire. Je pourrais te faire dépecer et mes worghs se régaleraient de ta chair putride. Allons parles et sois bref j'ai quelques détails à régler avec cette petite daeva. Dit il en faisant un clin d'œil à Sam
Tout en parlant il tira d'un coup sec sur la chaine arrachant la jeune captive de sa prostration et la projetant sur les escaliers qui menaient au trône. L'homme devait avoir une force phénoménale.


Sam se releva non sans avoir fait une révérence. Je voulu faire de même mais le géant me frappa violemment dans le dos avec son sceptre en émettant un son rauque et je me trouvais de nouveau agenouillé.


« « « Je vous amène une petite perle pour renforcer nos rangs, mon bon maître

La sueur qui perlait sur le visage de Sam témoignait de sa peur. Il serrait frénétiquement la garde de son épée et s'épongeait mécaniquement le front avec un mouchoir crasseux en dentelle.


« « « Un petit daeva orphelin, qui n'a plus de foyer. Sa nature s'est déjà révélée. « «


Il arracha soudain ma chemise et d'un coup de pied dans les reins m'envoya à plat à ventre au pied des escaliers. A l'aide d'un couteau il coupa la corde qui m'enserrait et coupa complètement ma chemise. Mon visage se trouva proche de celui de l'asmodéenne. Cette dernière me cracha au voyage en me criant des insultes ce qui fit de nouveau rire l'immonde Yrian. Son regard s'attarda sur mes protubérances osseuses et mes ailes se déployèrent. Je ne contrôlais toujours pas parfaitement le déploiement de celles ci. J'en profitais pour tenter de décoller , mais je ne vis aucune issue.


« « « Mettez ce petit oiseau en cage, je le ferais dresser par Maîtresse Nilinya. La matrone le mettra au pas et lui enseignera quelques rudiments de sa nouvelle vie . Tiens voilà pour ta récompense et maintenant disparais de ma vue. « « Samouss attrapa prestement la petite bourse de cuir que venait de lui lancer son maitre de guilde. Il recula rapidement tout en esquissant une courbette et disparu très vite de la caverne. » » »


Yrian venait d'attirer à lui la jeune asmodéenne et ses mains commençaient à s'égarer sur les courbes de celle ci. Le géant m'attrapa par la nuque et me poussa vers une porte dérobée. Celle-ci menait à un long couloir taillée dans la pierre. De part et d'autres de celui-ci des cellules munies de barreau en fer avaient été creusées. On me jeta dans l'une d'entre elle. Le choc avec le sol fût rude. Je me redressais et observait mon environnement. Ma cavité était étroite et je ne pouvais m'allonger que dans le sens de la longueur. Les murs étaient maculés de tâches brunâtres, probablement du sang et une forte odeur d'urine montait du sol. Je me mis assis à l'opposé de l'entrée et je commençais à réfléchir aux évènements qui m'avaient entrainés ici. Il y avait encore quelques jours j'étais un enfant heureux. Ma vie avait basculé si soudainement et depuis... Mes pensées furent interrompues par un murmure.



« « « Psst le nouveau... Pssst... « « « « Le chuchotement provenait de la cellule qui faisait face à la mienne. Je me relevais en agrippant les barreaux. La lueur diffuse d'une torche me permettait de voir l'individu qui m' appelait. Sale et débraillé, l'homme avait le visage mangé par une longue barbe blanche jaunie de crasse, des cheveux longs gris et filasses. Des yeux noirs brillaient dans de profondes orbites. « « « «


« « « Ahahaha, jolie petit oisillon tombé du nid, Ahahahah, jamais tu ne reverra ta maman « « «


L'homme semblait fou. Il parlait tout en gesticulant et ses propos devenaient incohérents.
« « « Nonnn Nonnn pas de poudre d'Aether, Nonnnnnnnnnn laissez moi « « « Oui j'ai trouvé la formule.. non ça ne marche pas.. » » »


Je me désintéressais très vite de lui car il semblait avoir perdu l'esprit. La fatigue eu très vite raison de moi et malgré l'inconfort je m'endormis très rapidement.


Le bruit de la clé dans la serrure me réveilla en sursaut.


« « « Debout croquant «

La voix rauque était autoritaire. J'avais très vite compris qu'il me fallait obéir rapidement.
Je me redressais rapidement. Stupéfait, je me trouvais face à une femme d'un âge relativement avancé, vêtue d'une armure brillante en plaque, des cheveux rouges coupés ras encadraient à peine un visage buriné par le soleil. Elle avait les mains sur les hanches et dardait vers moi un regard d'un bleu glacial. Une large épée simplement accroché par un baudrier en cuir dépassait de son dos.


« « Allez bouges toi chien !!! ton instruction commence maintenant. Tu va être mon élève et tu m'accordera tout le respect qui va avec.. A la moindre remarque désobligeante envers ma personne tu sera châtié par des coups de fouet. Tu obéira et tu ne posera aucune question. Lorsque ta véritable nature et ton orientation nous aurons trouvé, la tu sera autorisé à t'exprimer. Suis moi. « « « «


Nous primes un couloir qui semblait remonter vers la surface, les murs de pierre brute laissèrent la place à des murs lissés d'un enduit coloré. La guerrière ouvrit une grande porte en bois précieux. J'entrais dans une immense pièce pourvue d'un dôme vitrée. Des barres suspendues par des chaines oscillaient accrochées à la structure métallique du plafond. On aurait dit une gigantesque volière. Des glaces entouraient la pièce et le sol était revêtu d'un parquet en bois précieux parfaitement ciré. Des piles de tapis s'entassaient dans un coin. Mon examen des lieux fut très vite interrompu par une bourrade dans le dos.


« « « « Allez gamin.. première leçon la patience « « « Nilinya me tendit une bonbonne faite de verre et d'osier et un chiffon.


« « « « Tu vois cet immense parquet ? Tu va le cirer pendant des jours et des jours et pour ce faire tu bougera les gros tonneaux emplis de plomb d'un côté de la pièce à l'autre. Allez au boulot.. Je te surveillerais assise dans ce fauteuil bien confortable. Attention je ne dors que très peu la nuit et j'ai tendance à m'assoupir le jour, mais j'ai l' œil vif et je garde ce fouet à proximité de la main. Il t'en cuira si tu fais une pause « « « «





Ainsi commença mon apprentissage, peu à peu ma silhouette commença à changer. Les muscles de mes bras devinrent fermes et des formes commencèrent à s'y dessiner. La surveillance de mon instructeur ne se relâchait jamais. On m'avait changé de cellule et donné celle voisine du vieux fou. Elle était sommairement meublée d'une paillasse et d'une petite table. On m'avait généreusement octroyé une chandelle.


Je venais à peine de terminer ce jour là, le cirage du sol, lorsque Nilinya me tendit un bâton taillé dans du bois d'Eltnen alliant souplesse et solidité.


« « « Bien maintenant que tu a suffisamment de muscle nous allons commencer des exercices un peu plus physiques. « « « « dit elle en ricanant et en enlevant sa cuirasse en plaque.


Elle me frappa soudainement d'estoc, je m'effondrais sous la douleur et je reçu immédiatement un nouveau coup assorti d'un coup de pied qui m'envoya rouler.


« « « Larve !!! défend toi !!! « « «



1. Je me redressais, la rage se lisait dans mes yeux et je fonçais aveuglément vers ma tortionnaire. Hélas, pour une femme de son âge, elle faisait preuve d'une grande souplesse. Anticipant mon mouvement, elle se jeta du côté évitant ma charge, fit une chute avant en roulade, se rétablie derrière moi et tout en se redressant m'assena de nouveau un coup magistral sur mes épaules, m'arrachant un nouveau cri. Je me retournais vivement, je ne lisais que de l'amusement dans ses yeux. Cela attisa encore plus ma rage. Je me concentrais et mes ailes jaillirent. Je me mis à l'abri sur le perchoir le plus haut pour reprendre mon souffle. Soudain je la vis, face à moi, de somptueuses et immenses ailes blanches déployées. Elle me regardait avec amusement et profitant de ma surprise me donnant un nouveau coup de gourdin sur l 'avant bras ce qui me fit lâcher mon arme de fortune. Déséquilibré, je glissais du perchoir. Je ne sais trop comment j'arrivais à planer jusqu'au sol. Je levais la tête pour la voir piquer vers moi tel un faucon. Je réussi à éviter son attaque de justesse. Elle resta un moment devant moi en vol stationnaire à un mètre du sol.

« « « « La leçon est finie pour aujourd'hui, demain tu commencera tes entrainements de vol. Va te reposer. « « «


De nouveau l'obscurité de ma cellule, de nouveau le babillage incessant de mon colocataire. Une corbeille de fruits frais avaient été déposés sur le sol et je les dévorais avec avidité. Je retrouvais avec bonheur la saveur légèrement acidulée des oranges de Verteron. J'en fi rouler une jusqu'à la cellule de mon voisin. Sa longue main blanche s'en empara avec assiduité.


« « « « Merci mon jeune ami « « «


Je restais stupéfait. Il venait de me parler d'une voix posée, sans aucune trace de folie.


« « « « Euh ....... « « « « balbutiais je.


« « « « Ne t'inquiètes pas, ma pseudo folie n'est faite que pour tromper le tyran. Il m'a capturé il y a des années pensant obtenir des faveurs de ma part et de l'aide pour ses entreprises criminelles. A l'issue d'une séance de torture j'ai simulé un malaise et feint d'être devenu simple d'esprit. Pour l'instant j'ai trompé leur vigilance mais je croyais qu'ils avaient placé quelqu'un pour m'espionner en l'occurrence toi. J'ai pu constaté que tout comme moi tu étais leur prisonnier. Tu es un jeune Daeva n'est ce pas ?



J'hésitais à faire confiance à cet homme mais j'avais détecté quelque chose de bon en lui qui me poussait à lui raconter mon histoire. Il m'écouta une bonne partie de la soirée.

« « « « Eh bien mon jeune Jayce, si jeune, si éprouvé déjà par les vicissitudes de la vie, je vais te conter la mienne mais très brièvement car elle est bien plus longue. « « « «


« « « « Euh, depuis le décès de mes parents je n'ai révélé à personne le prénom que mon père me donnait. Comment avez vous su ? « « « « «


« « « « Il y a bien des mystères que tu ignore encore, mon jeune ami. Saches que je connaissais ton père. « « « « «


« « « « Vous avez connu mon père ? « « « «


« « « « Oui oui mais si tu m'interromps tout le temps je ne pourrais jamais te révéler comment. « « « « « dit il dans un soupir


« « « « « Je me nomme Kendhar, et je n'ai pas été toujours ce vieil homme sale, dépenaillé et privé d'une partie de ses pouvoirs. Avant le grand cataclysme j'étais un mage et l'un des proches conseillers du seigneur Asphel. J'essayais de modérer mon seigneur par ma sagesse, hélas il écoutait plus souvent ses conseillers militaires extrémistes. Je connaissais ton père. Il était l'un des meilleurs rangers de sa légion et il s'est illustré de nombreuses fois sur les champs de bataille. Beaucoup de balaurs, ont succombé sous ses flèches meurtrières. Il s'est toujours refusé ensuite à combattre les asmodéens malgré les nombreux appels aux armes qu'il a reçu. Il préférait sa simple vie de paysan avec son épouse et toi son enfant. Pour moi les choses furent bien différentes. Séparé de la légion d'asphel lors de la dernière grande bataille, je n'eus plus que le choix de m'enfuir vers Asmodéa et ses vertes prairies. J'étais affaibli et j'avais perdu une grande partie de mon énergie magique. Je restais quelques mois à la citadelle de Verteron. Ton père venait me rendre visite et m'amenait des produits naturels qui contribuèrent largement à rétablir mes pouvoirs. Je mis ceux ci au service de l'armée élyséenne et me retrouvais affecté à la forteresse d'Eltnen. Pendant des années, je rempli mon devoir, combattant les balaurs et les asmodéens dans les abysses, défendant nos frontières contre les envahisseurs. J'ai vu tant d'horreurs, tant de morts calcinés par mes incantations incendiaires que je peux encore aujourd'hui sentir le goût de la chair brûlée. J'en avais assez de cette vie de combat et lorsque l'on me proposa un poste de professeur à l'académie militaire à Sanctum, je me suis empressé d'accepter. Ces maudits ruffians m'ont capturé un soir alors que je rentrais seul dans ma demeure non loin des quais. Une flèche enduite d'un puissant narcotique eu raison de moi avant que je ne puisse me défendre à l'aide de mes sorts. Depuis ils droguent ma nourriture et mes pouvoirs s'affaiblissent de jour en jour. Je suis à peine capable d'allumer une chandelle. » » » »


« « « « Je vous aiderais à sortir d'ici, maitre kendhar. Nous partagerons ma nourriture et vous vous débrouillerez pour faire disparaître celle qu'ils vous donnent. Je continuerais mon entrainement afin de gagner en force. J'ai confiance en ma bonne étoile même si depuis quelques temps elle m'a abandonné. » » » »





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