AION: LE SIXIÈME DRAGON



LE SIXIÈME DRAGON

- L'histoire perdue de l'Ascension de Tiamat -
TIAMAT NÉE POUR ÊTRE SEIGNEUR DRAGON
Le temps tire son voile sur les souvenirs et qu'est-ce que l'histoire, sinon les souvenirs du plus grand nombre ? L'orgueil nous pousse à croire que notre histoire est indiscutable, mais la sagesse nous pousse à nous interroger même sur nos croyances les plus profondément ancrées.

J'implore votre patience, cher lecteur, et j'espère que vous ne vous détournerez pas de la vérité pour la simple raison que personne n'a encore osé l'évoquer.

Alors que la Grande Guerre débutait dans le fracas des armes et des sorts, les deux derniers Seigneurs Dragons connurent l'Ascension ensemble.

Ce faisant, ils vinrent compléter un conseil dont la puissance était telle qu'elle menaçait l'équilibre même d'Atréia. Ses membres avaient pour noms Fregion, Meslamtaeda, Ereshkigal, Beritra et Apsu.

L'autorité du conseil était divisée entre les cinq seigneurs et, selon Fregion, son équilibre était parfait tel quel. Une étoile à cinq branches qui ne tolérerait aucun autre membre.

Cette déclaration fut très mal reçue par un jeune soldat du Protectorat d'Apsu.

Il s'agissait de Tiamat, qui n'était alors qu'un Drakan ayant fait son Ascension, mais dont l'ambition et la jalousie étaient déjà perceptibles.

Les sources historiques obtenues auprès de l'ennemi ne disent rien des buts ultimes de Tiamat, pas plus qu'elles ne mentionnent si sa soif de sang et sa cupidité étaient innées ou non.

De la même manière, elles n'évoquent en rien la discorde que Tiamat sema très probablement en secret parmi les Balaurs, compte tenu de ce qui allait bientôt se passer.

Elles nous apprennent uniquement que ce sont l'ascension rapide et irrésistible de Tiamat au sein des rangs des Balaurs, ses nombreuses victoires et ses exploits remarquables qui lui permirent de gagner la confiance d'Apsu et d'être promu garde du corps de ce dernier.

On ne sait guère ce qui se passa ensuite et sans doute, n'est-ce pas là le fruit du hasard. On ne peut qu'imaginer ce qui poussa les protagonistes à agir de la sorte.

Il semblerait qu'Apsu était une créature extrêmement fière, refusant tout compromis et tout conseil.

Peut-être était-ce son orgueil qui sema les graines de la colère parmi ses généraux.

Quoi qu'il en soit, la puissance de Tiamat ne cessa de grandir et il sut s'entourer de serviteurs aussi fidèles que discrets.

Et dès que ses alliés furent assez nombreux et forts, Tiamat attaqua le Seigneur Dragon Apsu.

Difficile de dire si ce furent les circonstances, la chance ou la force remarquable de Tiamat qui lui permit de l'emporter... Toujours est-il que quand la poussière retomba, Tiamat se dressait au-dessus du cadavre d'Apsu et s'autoproclama Seigneur Dragon.

Mais la succession ne fut pas aussi simple que cela.

Les autres Seigneurs Dragons ne purent contenir leur colère en découvrant ce que Tiamat avait fait.

Il fut donc chassé des royaumes connus d'Atréia et fut uniquement autorisé à vivre en exil parce que les Seigneurs Dragons étaient trop occupés par la Grande Guerre.

En exil, Tiamat devint plus puissant et ses armées plus imposantes encore.

Les Seigneurs Empyréens ayant pris l'avantage, les quatre Seigneurs Dragons découvrirent la peur pour la première fois de leur existence.

Les Seigneurs Dragons entendaient certainement tuer Tiamat une fois la Grande Guerre remportée.

Mais ils ne s'attendaient pas à devoir livrer des combats si âpres, pendant si longtemps.

Et c'est ainsi que la guerre sauva Tiamat de la colère des Seigneurs Dragons et qu'il se fit une place en Atréia.

Dans un premier temps, le retour de Tiamat sur le champ de bataille fut à peine toléré et on signala de nombreuses escarmouches entre les forces de Tiamat et les armées balaurs.

Mais Tiamat ayant prouvé ses capacités tactiques et toute l'étendue de sa puissance, les anciens ennemis parvinrent, à contrecœur, à former une alliance.

Et pourtant, au cours des premiers siècles de la Grande Guerre, tout semblait indiquer que jamais Tiamat n'obtiendrait la reconnaissance et les récompenses qu'il souhaitait si ardemment.

Cinq cents ans avant le Grand Catacylsme, au cœur de la terrible guerre dont nul habitant d'Atréia ne pouvait se douter qu'elle n'en était qu'à sa moitié, quelque chose de totalement inattendu se produisit.

Fregion déclara que Tiamat pouvait légitimement intégrer le conseil.

Cette proclamation déchira les Seigneurs Dragons. Ereshkigal n'aimait rien de plus que l'ordre et la raison, et en vint à se dire que, si la trahison avait permis à un Balaur de gagner le titre de seigneur, de nombreux autres s'engageraient sur la même voie dans l'espoir d'obtenir le même résultat.

Beritra, l'amant anéanti d'Apsu, fit exploser sa colère sur le champ de bataille, laissant de grandes balafres à la surface du monde lors des plus terribles affrontements de la Grande Guerre.

Mais Fregion était leur maître absolu et la menace des armées empyréennes les obligea à se ranger à son avis. Ils ne le firent qu'à contrecœur, mais ils n'avaient guère le choix et Fregion les surveillait de près.

A ce jour, la sympathie de Fregion pour Tiamat reste inexpliquée, l'un des grands mystères d'Atréia.

Mais il apparaît clairement que la place de Tiamat au sein des Seigneurs Dragons reste des plus précaires. Son ambition et sa violence démesurées peuvent notamment être considérées comme les signes d'une réaffirmation constante et ostentatoire de sa volonté de régner.

Bien que cela ne puisse être prouvé, Ereshkigal et Meslamtaeda ne l'ont sûrement toujours pas accueilli de bonne grâce. Et la disparition du nom de Beritra de l'histoire d'Atréia indique que leur ressentiment peut en effet s'ancrer très profondément.

La redécouverte de cette information oubliée pendant près d'un millénaire fut l'aboutissement de mon œuvre dédiée à la douce Dame du Temps d'Aion.

Je prie pour que ceux que j'ai si souvent agacés voient que cela a servi l'histoire, je prie pour que cela leur serve sur le champ de bataille et sur les tables où se décident les stratégies.

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